REVELACIÓN DE LA MIGALA


LUIS ARMENTA MALPICA

En ese tiempo la migala se presentó ante el pez y le dijo que por su boca hablarían las mujeres. Los hombres todos corrieron a sus cuevas: ya tenían suficiente con las voces arcanas de selvas y de páramos, el musgo de sus gritos y la figura mítica del sol como patrono. Y esa voz no era dulce, ni era quieta. No alcanzaba la altura de las aves ni los bajos profundos de las charcas. Era un murmullo que le brotaba al agua y todo esplendecía. Después sería el lamento del arroyo. Luego ese blanco estruendo que crece y se despeña. Y en el final del mundo, poco antes del diluvio, el agua llevaría dentro de ella solo el canto del agua.

Y sería indispensable (proseguiría el profeta( alguna glaciación, el recomienzo, a fin de devolver al frío lo que es del agua. De hielos y carámbanos se poblará la tierra. Y en la mitad del frío y de la noche se guardarán las selvas y los páramos, desiertos y riberas. Todo estará impecable, cubierto de neblina, cuando llegue la aurora.

Si debiera extinguirse algún grupo viviente, este no será el pez; tampoco la migala. Ambos han comprendido lo que al fuego es el fuego y lo que el agua al agua. Por lo demás, si alguno se refugia en las cuevas cuando llegue el profeta, no elige recibirlo, ni le ofrece su oído y su guarida, éste será, inequívocamente, el que desaparezca.

Mientras tanto los peces y migalas deberán admirarse cuando ocurra el diluvio. En su pecho (la cáscara de nuez( va a poder embarcarlos el instinto.

Con la calma, al final de los tiempos, no habrá más luz detenida en el agua, ni más agua alimentando el fuego. La mujer habrá de sostener —de viva voz— aquel milagro, igual que en el principio. El canto será, pues, lo que mantenga con vida a las especies.

Y la migala se presentó ante el pez, de nueva cuenta, poco antes del diluvio. Y le enseñó el silencio, como parte del rito.



RÉVÉLATION DE LA MYGALE


En ce temps-là la mygale comparut devant le poisson pour lui dire qu’elle serait le porte-parole des femmes. Les hommes eux, ont tous couru dans leurs grottes: ils en avaient déjà assez des voix secrètes des selves et des étendues désertiques, la mousse de leurs cris et la figure mythique de leur patron le soleil. Et cette voix n’était pas douce, pas plus qu’elle n’était tranquille. Elle n’atteignait pas la hauteur des oiseaux ni les basses terres des mares profondes. C’était un murmure qui sortait de l’eau et tout resplandissait. Après ce serait la plainte du ruisseau. Et puis ce blanc fracas qui s’élève et se jette dans le vide. Et à la fin du monde, un peu avant le déluge, l’eau emporterait seul le chant de l’eau.

Et s’avèrerait indispensable -poursuivrait le prophète- une glaciation, le recommencement, afin de rendre au froid ce qui appartient à l’eau. De glaces et de glaçons se peuplera la terre. Et au milieu du froid et de la pleine nuit seront gardées les selves et les étendues désertiques, les déserts et rivages. Tout sera impeccable, couvert de brouillard, lorsque poindra l’aurore.

Si un groupe d’êtres vivants devait disparaître, ce ne seraient pas les poissons; la mygale non plus. Tous deux ont compris ce qu’est le feu pour le feu et ce qu’est l’eau pour l’eau. Du reste, si quelqu’un se réfugie dans les grottes à l’arrivée du prophète, ne choisit pas de l’accueillir, pas plus que de lui prêter oreille et de l’inviter dans son repère, ce sera à lui -et ce, sans équivoque- de disparaître.

Entre-temps, les poissons et mygales devront bien s’étonner lorsque surviendra le déluge. Dans leur poitrine -l’écale de noix- va pouvoir les embarquer l’instinct.

Une fois le calme revenu, à la fin des temps, il n’y aura plus de lumière arrêtée dans l’eau, ni d’eau pour alimenter le feu. La femme devra soutenir —de vive voix— ce miracle, de même qu’au début. Le chant sera donc ce qui tiendra les espèces en vie.

Et la mygale comparut devant le poisson, à nouveau, peu avant le déluge. Et elle lui montra le silence, partie prenante du rite.

Trad. Françoise Roy